dimanche 16 septembre 2012

Le Mistral soufflait vers l'Ouest

Jeudi dernier, le Mistral soufflait. Ses violentes caresses décoiffaient les oliviers. Le ciel était d'un bleu intense, presque sévère.

Depuis que je suis arrivé à Marseille, rien ne s'est passé comme prévu. Trouver une maison a été une aventure en soi, par exemple. Les multiples formalités administratives requises par les procédures d'immigration ont dévoré mon temps libre, telle une nuée de sauterelles. Il fallût ensuite préparer notre déménagement vers la Provence. Et tant d'autres choses... Pour moi, c'est un peu comme si le Mistral avait soufflé tout le temps. D'où mon silence sur cette page.

Dans mon billet précédent, je me demandais: «  La vie ne serait-elle donc qu'une spirale qui nous ramène l'à d'où nous sommes venus? » Je ne croyais pas si bien écrire. Dans moins de deux semaines maintenant, nous serons de retour au Canada. Nous allons nous établir près de Toronto. Au moment où j'écris ceci, la plupart de nos électroménagers ont été vendus. Je vais remettre notre voiture à son nouveau propriétaire en début de semaine. On dirait que le Mistral, qui souffle du Nord, a pris un malin plaisir à souffler vers l'Ouest cette fois-ci.

Que s'est-il passé?

En juin dernier, j'ai lu quelques lignes dans un forum technique que je consulte fréquemment sur Internet. L'auteur nous informait d'une opportunité d'emploi. Je me suis empressé de lire la description du poste. J'ai été renversé; c'était un peu comme si je m'étais regardé dans un miroir en lisant. Un vrai emploi de rêve pour moi. J'hésitais, pourtant. Un poste d'une telle envergure, au sein d'une entreprise prestigieuse présente partout dans le monde, allait certainement attirer une nuée de candidats... En plus, je venais à peine d'arriver en France, et le candidat retenu allait devoir couvrir l'Amérique du Nord. J'allais devoir déménager, encore, si je l'emportais. Mais une opportunité comme celle-là se représenterait-elle? Aussi ai-je fait ce que je fais toujours en pareil cas: j'ai tenté ma chance malgré tout, en me disant que ce serait dommage de ne pas essayer. Mieux vaut échouer que d'avoir le regret de n'avoir rien fait...

Surtout que je débute dans mon nouvel emploi le 10 octobre! :-) Je vous donnerai plus de détails après cette date. Oui, je sais, je suis cruel.

Que me réserve l'avenir? Seul un oracle pourrait le dire.

mardi 10 avril 2012

Quinze ans après

La plupart des gens l'ignorent, mais Les trois mousquetaires ont une suite intitulée Vingt ans après. (Et même une seconde: Le vicomte de Bragelone. Poursuivons.) Alexandre Dumas nous y dépeint des héros vieillissants. D'Artagnan, nommé au grade de lieutenant à la fin des Trois mousquetaires, l'est toujours 20 ans plus tard. Porthos a marié une riche veuve et s'ennuie dans son château de province. Aramis s'est fait abbé, mais s'intéresse à ses pénitentes au-delà du simple devoir professionnel. Athos, enfin, est resté l'homme mélancolique qu'il était et sert de tuteur à un jeune homme qui pourrait ou pourrait ne pas être son fils.

Peut-être vous demandez-vous pourquoi je vous raconte tout cela? Pour rien, en fait. Le titre de ce message m'a simplement rappelé celui du roman.

*

Il y a quinze ans environ, je me suis inscrit à la maîtrise en histoire. J'étais alors engagé dans la seconde moitié de mon stage parlementaire organisé par la Fondation Jean-Charles-Bonenfant. C'était ma seconde tentative d'inscription. J'avais laissé tomber provisoirement l'Université pour arpenter les couloirs de l'Assemblée Nationale pendant 10 mois. Toute une expérience! Le professeur avec qui je devais étudier avait quitter l'Université Laval. Par conséquent, j'avais dû revoir mes plans. Je jetai donc mon dévolu sur une autre professeure, dont le champ d'expertise m'intéressait un peu moins mais qui se démarquait par sa pédagogie, son dynamisme et ses qualités humaines:  Madame Claire Dolan.

Depuis plusieurs années déjà au moment de ce récit, Mme Dolan dirigeait des recherches exploitant les riches archives, datant du bas Moyen-Âge et de la Renaissance, disponibles à Aix-en-Provence. Chacun de ses étudiants, à l'époque, travaillait sur un document ou corpus documentaire différent. Dans mon cas, cela aurait été la charte de la Corporation des barbiers et perruquiers, document qui datait du XIVe siècle. Mes travaux m'auraient probablement offert l'opportunité de voyager sur place, afin d'enrichir ma réflexion.

Cessez de rire, s'il-vous-plaît. Encore aujourd'hui, je considère que ces recherches étaient dignes d'intérêt, même si le sujet en était extrêmement spécialisé. Comprendre la vie quotidienne de ceux qui nous ont précédés est l'une des clés les plus importantes du passé. Et comprendre le passé c'est mieux vivre le présent. D'ailleurs: sans passé, point de futur.

Comme la plupart d'entre vous le savez, je n'ai finalement jamais étudié à la maîtrise en histoire. Je garde ce projet pour ma retraite. ;-) La vie m'a emmené ailleurs. Et aujourd'hui, un autre virage s'accomplit sous vos yeux.

Lorsque je me suis joint à l'OTAN, j'étais certain de passer au moins trois ans à Bruxelles. Ensuite, je croyais pouvoir y poursuivre ma carrière ou revenir au Canada. Et puis... Et puis il y a eu la réalité quotidienne à l'OTAN. J'ai eu la chance d'y connaître certains des meilleurs spécialistes qu'il m'ait été donné de rencontrer. Quant aux gestionnaires, c'est une autre histoire... Résumons: je m'ennuyais, me sentais sous-utilisé. Puis une opportunité s'est présentée.  

J'ai quitté l'OTAN la semaine dernière. J'ai en poche un contrat avec une firme de consultants en informatique basée à Paris. Et me voici à Marseille, tout près d'Aix-en-Provence, là où se trouve mon premier client. Pour moi, c'est un retour aux sources: Java, ADF, WebCenter.Une opportunité formidable de relancer ma carrière sous le soleil.

Quinze ans après, me voici tout près d'Aix-en-Provence. La vie ne serait-elle donc qu'une spirale qui nous ramène l'à d'où nous sommes venus?

Voilà pourquoi notre nouveau blogue s'intitule Bleuets Voyageurs. Peu importe où nous irons, vous saurez où nous trouver.